Tribune parue dans Libération après le massacre d’Orlando.
«Les voisins demandent si on passe toujours boire l’apéro étant donné les circonstances.» Je ne comprends pas tout de suite. Mon copain me dit ça d’un air attendri, touché par ce petit excès de sollicitude de nos amis. Pour ma part, je ne suis pas loin d’être agacé qu’on pense que, forcément, cette tuerie nous touche plus parce que les victimes sont – comme nous – homosexuelles.
Mais mes voisins n’ont-ils pas de bonnes raisons de penser que je devrais être particulièrement bouleversé ? Ai-je oublié que nous nous retrouvions justement ce dimanche-là pour trinquer à la publication de mon roman dont les personnages – homosexuels pour la plupart – trouvent refuge dans des clubs comme le Pulse ? Comment n’ai-je pas fait le lien avec l’intrigue qui précisément bascule lorsque deux d’entre eux sont passés à tabac en sortant d’une boîte gay ?
Ça ne me ressemble pas. Bien sûr que je devrais être effondré. C’est évident. Mais je dois bien m’avouer que cette fois-ci, je n’ai pas pleuré… (lire la suite)